Mirages – l’Europe vue de l’extérieur

Am 7. Juli wird Olivier Dury als Festivalsieger bekannt gegeben, am 5. Juli habe ich seinen Film Mirages (France, 2008, 46′) besprochen. Intuition féminine!

diffusé par Radio Grenouille 888

Beim zweiten Sprung ist das Wasser noch immer kalt (2 1/2 Stunden Zeit zum Schreiben), aber ich habe ein Fahrrad, eine Korrekturleserin und eine bessere Stimme:
(siehe 3’30 bei 2/3 der Sendung nach den Portugiesen, falls der Player nicht funktioniert einfach diesem Link folgen und ganz unten das “Magazine du 4 juillet 08” öffnen)

Sur l’écran « Traduire l’Europe » on voit un film qui ne se déroule pas du tout en Europe mais qui traite néanmoins de ce continent-ci, des fantaisies qu’il génère vue de l’extérieur. Il s’agit de Mirages, le premier film du jeune réalisateur Olivier Dury.
Dury se mène dans la trasse des migrants subsahariens, qui cherchent à rejoindre la Méditerranée. Sa caméra accompagne les cinq premiers jours d’un convoi de migrants a travers le Sahara, d’Agadez au sud du Niger jusqu’à Djanet, ville frontalière avec la Lybie. On suit deux pickups surchargés de jeunes hommes dont les pieds touchent presque le sable. Guidé par des touaregs, l’incroyable convoi avance dans la brousse, sur des pistes vertigineuses et à travers des tourbillons de sable. Les foulards protègent a peine contre le sable et l’impitoyable sécheresse ; le feu chauffe a peine dans le froid nocturne.
Rarement apparaissent au bord de la route des signes de vie, seulement pour vite disparaître dans le néant : on voit des enfants qui découvrent le seul blanc dans le convoi, on voit une grenouille qui lutte pour survivre ainsi qu’un vautour qui l’attendent s’il n’y arrive pas. Les hommes restent seules dans le désert : ils cherchent la distance l’un de l’autre, se combattent pour l’espace étroit sur les pickups et fixent le néant. La fatigue et l’espoir se mêlent. Pour eux l’Europe est a la fois le mirage d’une vie meilleure et le piège qui les fait souffrir. Seulement la nuit rapproche ces migrants solitaires: le feu de bivouac crée un espace clos dans l’infinité du désert.
La caméra d’Olivier Dury frôle les pieds et les visages. Elle s’attarde sur un moteur en surchauffe, un pneu à changer et un malade à soigner. Le film se veut objectif : Dury se limite a observer, il renonce aux commentaires et ne se choisit pas de protagoniste. Il ne montre qu’une période de transition – faute d’autorisation de tournage, le film s’arrête à la frontière de la Lybie.
Pourquoi ces hommes du Niger, du Sénégal, de la Mauritanie se mettent en route pour un tel calvaire ? Est-ce la lutte de survie ? Des raisons politiques ? Et qu’est-ce qui les attend en Europe ? La clandestinité ? L’expulsion ? Le film soulève bien plus de question sur la migration africaine vers l’Europe qu’il ne donne des réponses. Mais cet esprit énigmatique est justement son point fort. Devant et derrière la petite caravane, l’horizon vacille, scintille, deviens flou : d’autant que les raisons de leur émigration sont laissées a l’imagination du spectateur, les migrants ne savent pas, vers quoi ils se dirigent.
Mirages, ce sont 46 minutes d’images et sons poétiques, c’est une caméra qui échange des regards muets et compréhensifs avec des hommes que, de l’autre coté de la Méditerranée, nous allons transformer d’êtres humains en êtres clandestins. Pour ceux, qui ne veulent pas rater le début cinématographique d’Olivier Dury, rendez-vous demain à 18.30h au CRDP ou dimanche a 13.45h à la Criée.