Nachtirrgang

écrit après rentrer d’une répétition théâtrale à travers le Quartier du Contades à Strasbourg au printemps de 2004

… comment je suis perdue,
dans les rues, dans les rues…
Ces étendus mal éclairés
ne plus ressemblent à des allées,
si vidés, si vidés –
C’est le sabbat dans le quartier.

Le seul vivant que jamais je vois
c’est cette vieille enfant derrière les miroirs
dont j’esquive le regard sans sympathie,
son sage austerité me terrifie.

Derrière une douce brise d’été
m’envahit la fumée des cheminées.
Des ombres avalent mes traces,
des revenants me menacent
et m’éveillent des nuits pareils :
ces rues désertes, les gens en alerte
et plein d’angoisse quand quelqu’un passe
et l’haleine du Mont Odile les tracasse.

Comment puis-j’encore avancer
si mon histoire est préfigurée?
Comment arper sous l’infinie sans peur
qui ignore son propre intérieur.
Suis-je par hasard des didascalies ?
Qui, sinon moi, est le maître de ma vie ?

Cette idée me bouscule, je cesse, je recule,
les astres tombent, l’univers me plie.